Critique de « Beat Vénération » dans le Devoir 29 septembre 2012
La beat identification
Christian Desmeules  29 septembre 2012  LivresÀ RETENIR
Beat vénération
Ray Robertson
Traduit de l’anglais (Canada) par David Jasmin-Barrière
Vlb éditeur
Montréal, 2012 352 pages
En 1967, l’anecdote est largement connue, Jack Kerouac en visite au Québec était reçu sur le plateau du Sel de la semaine par Fernand Séguin. Un grand écrivain parlant sa langue maternelle devant les cravates radio-canadiennes et les rires nerveux d’un public de colonisés.
Beat vénération, cinquième roman du Canadien anglais Ray Robertson (Les nourritures mélancoliques, Vlb éditeur, 2010), prend un peu prétexte de cette visite au Québec de l’auteur de Sur la route pour explorer une sorte de double retour aux sources.
D’un côté, il convoque des épisodes choisis de la vie de Kerouac, interprétés et romancés, explorant son attachement à ses racines canadiennes-françaises et cherchant à cerner l’origine de son goût pour l’errance.
De l’autre, il fait appel à sa propre biographie. Le parcours accidenté de sa propre découverte de Kerouac (surtout de sa biographie). Le souvenir un peu honteux de ses grands-parents francophones (pauvres, buveurs, fumeurs). Des réminiscences gastronomiques (sandwichs au fromage Kraft, Fritos, beignes fourrés à la confiture de chez Tim Hortons), des découvertes musicales, littéraires ou érotiques.
Ray Robertson fait un slalom plutôt habile entre deux époques et entre deux vies. Il se livre aussi à un exercice de genèse intellectuelle. Comment vient au monde un écrivain ? Quelles correspondances secrètes se nouent ? Car de Jim Morrison à Jack Kerouac et à Nietzsche, de Céline à Bertrand Russell, il n’y a que quelques pas à faire entre les rayons d’une bibliothèque.
Et la chose est trop rare pour qu’on ne la souligne pas : le roman bénéficie d’une intéressante traduction de type Slap Shot (film-culte au doublage de légende).
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